Cité des morts Egypte
La cité des morts, humble tu resteras.
Curieux cimetière où les morts disposent de véritables maisons, les tombes sont parfois inachevées, une véritable cité.
Dans cette cacophonie du Caire, la cité est de loin la plus impressionnante, la plus touchante dans son désoeuvrement. Mêlée de tristesse et de condescendance, votre cœur palpite à la vue de ce contraste où la mort n’est que prolongement de la vie. Vos yeux embrumés, voilés, se baissent.
Les morts fréquentent les vivants, les vivants côtoient les morts. Vous pouvez déambuler, on vous remarquera à coup de « salam » accueillants, puis vous continuerez votre chemin, comme si vous n’étiez pas là. La flûte guide, à travers les allées sombres de la cité des morts, face à l’indifférence des jeunes garçons jouant au foot. Les cours intérieures campent les tombes, autour, plusieurs pièces reçoivent les membres de la famille. Ce n’est plus un simple cimetière, les hospices, les magasins, les écuries ont élu existence.
De magnifiques façades se dévoillent au fur et à mesure. Ici reposent les sultans mamelouks, leurs familles et les émirs. On regarde la Mosquée de l’imam al-Chafi’i (les femmes stériles viennent se frotter à son tombeau), les tombes de Khédives, le mausolée de Quaït Bey (XV è siècle), une des merveilles de l’art islamique. On reconnaît les princesse à leur phallus à tresses, à la mode turque. La nostalgie soudaine de l’Orient se mêle au soleil couchant qui arrose de ses couleurs de feu, la cité voluptueuse, sereine et nostalgique.
Le jour de la fête des morts, des millions d’hommes et de femmes endimanchés prendront le chemin en marche de la cité des morts, les bras chargés de fruits et de légumes pour poser sur les tombes de leurs ancêtres. Ils s’en retourneront chez eux, pour fêter cela. Les habitants se jèteront le soir sur ces mets si délicats, qu’ils n’y ont droit qu’une fois l’an.