Méroé, ou la civilisation perdue au bord du Nil
Méroé… A l’entendre et le prononcer, on pourrait croire à un mirage venu tout droit des terres pharaoniques et des sables enchantés d’Egypte. C’est «presque» cela.
« Jamais ma joie ne fut plus extrême et plus vive qu’en découvrant les sommets de ces nombreuses pyramides qui étincelaient sous le soleil… » Frédéric CAILLIAUD, 1823
A quelques mètres de la Seine et des sirènes infernales de Paris, nous voilà transportés sur les rives du Nil subsaharien et de ses affluents, entre le IIIe et le IVe siècle après JC. Après un premier chantier de fouilles débuté à Méroé en 1821 par Frédéric Caillaux, des pyramides remarquablement bien conservées s’offrent aux yeux des chercheurs. A cette seconde même, la cité perdue revit et renaît de ses formes. Ici, un empire semble s’être constitué.
Sur 1700 kilomètres le long du fleuve, des influences africaines, égyptiennes et gréco-romaines se sont mêlées pour construire et développer une civilisation à part entière. Un artisanat, un art, un rythme de vie quotidien, une langue et un système d’écriture d’un genre nouveau sont nés et ont pris place à Méroé. C’est alors qu’Amon l’égyptien, Dionysos le grec, et l’au-delà ont cohabité, tel que l’a conçu le peuple de Méroé. A travers plus de 200 objets, on découvre leur vie dans un mélange harmonieux de rites et de coutumes qui traduisent l’originalité et la force de l’Empire soudanais de Méroé. Céramiques raffinées, vaisselle en bronze, armes en fer, statues en bronze doré, …, les méroïtes connaissaient un grand art de l’orfèvrerie et de la faïence. Quant au pouvoir, très centralisé dans cette culture, il était détenu par un roi associé au dieu Amon et représenté par un bélier. Les sculptures de prisonniers capturés et ligotés à genoux traduisent le caractère guerrier des méroïtes.
L’art méroïtique
L’art méroïtique diffère de l’art égyptien. Hormis les reines à la silhouette fine et élancée, les femmes sont généralement représentées avec des formes plus rondes, plus « africaines » que l’art égyptien. Quant aux pyramides, plus petites et plus pentues que les pyramides égyptiennes, elles ont, elles aussi, accueilli les rois, pharaons noirs, et l’élite du peuple.
L’empire a crée sa propre écriture, déclinée sous deux formes. La première, hiéroglyphique, était utilisée pour les textes religieux ; l’autre, cursive, servait dans la vie de tous les jours. Aujourd’hui, bien qu’elle ait été globalement déchiffrée, la langue, elle, n’a pas encore livré tous ses secrets.
C’est pourquoi, depuis des dizaines d’années, les sites archéologiques sont source de bien des recherches et promettent encore de belles découvertes…